L’Allemagne est souvent caractérisée par un ensemble de dimensions culturelles qui, à première vue, peignent une image de rigueur et de réserve. Ces dimensions comprennent entre autres une profonde orientation vers les faits, qui se traduit par une forte focalisation sur les données, l’efficacité et la productivité dans la vie professionnelle comme dans la vie privée. Cette orientation conduit à un mode de communication qui est direct et fonctionnel, laissant peu de place au small talk ou aux conversations superficielles.
De plus, la culture allemande se distingue par une conformité aux règles prononcée. Les règles, normes et structures sont l’épine dorsale de la coexistence sociale et garantissent l’ordre et la fiabilité. Cette adhérence aux règles est visible dans de nombreux domaines de la vie, de l’adhésion stricte aux règles de circulation jusqu’aux prescriptions légales précisément définies dans la vie professionnelle.
Un autre aspect est la retenue dans l’expression des émotions. Les Allemands sont considérés comme réservés, surtout en comparaison avec les cultures plus latines, où une représentation plus ouverte des émotions est courante. Cette réserve émotionnelle est souvent mal interprétée comme de la froideur ou du désintérêt, mais elle découle d’un respect profondément enraciné de la vie privée et des limites personnelles de l’interlocuteur.
Mais si l’on se rend dans certaines régions d’Allemagne pendant la période du carnaval, on est vite détrompé. On pourrait se demander si les théories interculturelles ne passent pas ici à côté de la réalité.
Il n’est pas facile de répondre à la question de savoir pourquoi les Allemands se comportent de manière si « atypique » lors du carnaval. Mon interprétation personnelle est que le carnaval constitue une sorte d’exutoire pour la société allemande, par ailleurs si structurée et soumise à des règles. Pendant l’année, l’efficacité, la ponctualité et un certain sérieux dominent le quotidien. Mais le carnaval offre une période clairement définie pendant laquelle ces normes sociales sont temporairement suspendues.
Cette pause temporaire des normes donne aux gens l’opportunité de se glisser dans un autre rôle et d’explorer des aspects de leur personnalité qui ne trouvent pas leur place dans la vie quotidienne. C’est comme si le carnaval offrait un espace sûr où l’on peut expérimenter, exagérer et jouer. L’expérience collective joue également un rôle : en participant tous et en se déguisant, une atmosphère communautaire est créée, rendant plus facile de se laisser emporter par le courant de l’exubérance.
L’évolution historique du carnaval pourrait également jouer un rôle. Le carnaval trouve ses racines dans des fêtes païennes destinées à chasser l’hiver et à accueillir le printemps. Ce lien traditionnel avec le cycle de la nature et la célébration de la vie et du renouveau qui l’accompagne pourraient contribuer à ce que les gens s’autorisent davantage à exprimer leurs émotions et leurs besoins habituellement retenus.
Qu’est-ce que le carnaval allemand et la France ont en commun ?
Un parallèle intéressant entre le carnaval allemand et la France est la signification du chiffre « 11 ». Le 11 novembre, à 11h11, commence officiellement la cinquième saison de l’année, le carnaval. L’origine du chiffre « 11 » peut être interprétée de diverses manières, mais une explication particulièrement fascinante se trouve dans l’histoire française. Au cours de la Révolution française de 1789, le onze a été compris comme le symbole des revendications de la bourgeoisie française – l’égalité (E), la liberté (L) et la fraternité (F). ELF signifie « onze » en Allemand.
Le terme « carnaval » provient d’ailleurs du latin « carne vale », signifiant littéralement « adieu à la viande ». Cela souligne l’origine de la fête comme une période d’excès avant le début du jeûne du Carême.
Dans ce sens : Alaaf, Helau et chez moi dans la région : Hei her – do her.